▪ L'histoire
Les légendes et les ménestrels ont bien longtemps raconté que Sianon était née le premier jour du printemps après un rude hiver, comme l’annonce de jours meilleurs… Les oiseaux volaient gaiement, les écureuils se réveillaient, les lapins gambadaient… Tout cela est bien beau, mais l’Histoire est toujours embellie après les événements. Bien sûr pour savoir si oui ou non c’était le printemps quand elle est née est bien trop loin et pas du tout assez important pour qu’on s’en souvienne. Ce qui est sûr cependant, c’est qu’elle est née cadette de deux frères, Eremon et Sainth. D’abord heureuse d’avoir des compagnons de jeux, elle se rendit vite compte que sa joie n’était pas partagée.
Un jour, ses frères ayant une fois de plus refusé de jouer avec elle, Sianon se dirigea vers le village voisin. Elle ne supportait pas la solitude et espérait y trouver d’autres enfants qui joueraient avec elle. Elle sortit de la forêt, toute timide, et y trouva tout autre chose. Sianon, encore toute petite, regarda avec admiration l’agitation du village. Jamais auparavant elle n’avait quitté la maison familiale. Devant elle, sous un étalage de friandises, se cachaient une petite bande d’enfants. Sans hésiter, elle les rejoignit.
« Que faites-vous ? » demanda la petite Sianon.
- On veut chiper des friandises et on fait un plan pour ne pas se faire prendre, répondirent les enfants peu après, ils étaient étonnés de voir une fillette apparaître comme ça, comme si de rien était.
« Chouette ! S’exclama-t-elle,
je peux venir avec vous ?» Son visage implorant les empêcha de refuser et peu après, ils se retrouvèrent à élaborer un plan de chapardage de friandises…
Sianon, déjà à ce moment-là, appris à utiliser sa malédiction et à en faire un atout. Les enfants profitèrent du fait qu’elle était étrangère au village pour attirer l’attention du vendeur.
« Excusez-moi… Monsieur, demanda-t-elle faussement hésitante.
-Qu’est-ce qu’tu m’veux p’tite ? lui répondit-il dans le patois du coin.
-Ces trucs blancs là, elle indiqua l’autre bout de l’étalage,
c’est quoi ? -Ca ma p’tite, c’est des biscuits secs à base de miel et… »Et pendant qu’elle attirait son attention à un bout de la table, les autres enfants se remplissaient les poches à l’autre, des bonbons au sucre, du chocolat, de la pâtisserie, tout y passait, puis ils firent signe à Sianon que c’était bon, mais le marchand les vit…
« Hé, bande de voyous ! Revenez ici ! » Cria-t-il, il les poursuivit un instant, mais les enfants étaient déjà loin.
Un peu plus loin, derrière un angle de rue, une bande de gamins essoufflés rentraient dans la maison d’un d’entre eux pour se cacher. Le plus grand des garçons, probablement le chef, remercia Sianon pour l’aide qu’elle avait apportée et l’invita à revenir quand elle voulait. Sianon était heureuse, car elle avait des amis. Tous les enfants sortirent le butin de leurs poches et le déposèrent sur la table. Lorsque Sianon sortit elle aussi de la pâtisserie de ses poches, les enfants firent des yeux ronds.
« Comment t’as fait ? demanda une fillette.
-Il me les a donnés pour goûter, répondit-elle.
-Mais, il est radin, d’habitude il ne donne jamais rien, inistèrent les enfants.
-Je ne sais pas, je lui ai demandé et il me les a donnés.»Des cris d’admiration entourèrent Sianon. Après avoir partagé et mangé toutes les friandises, Sianon s’en alla et rentra discrètement à la maison.
Depuis ce jour, Sianon est traitée avec respect par les autres enfants pour avoir réussi à recevoir quelque chose du marchand de bonbons avare.
Une fois rentrée chez elle, elle s’empressa d’aller raconter ses exploits à la première personne qu’elle vit, c’est-à-dire Eremon. Eremon se sentit toute suite agressé par cette histoire et ne voulu plus en entendre parler. Ces dures paroles firent beaucoup de mal à Sianon qui, comprenant maintenant qu’Eremon ne l’aimait pas, passa désormais plus de temps au village et auprès des villageois qui l’adoraient. Elle remarqua vite que son frère aîné l’espionnait et voulant savoir pourquoi il prononça des paroles blessantes que Sianon n’oubliera jamais :
« Mais crois-tu vraiment qu’ils t’aiment ou est-ce ton don qui les attire ? Ils ne sont pas vraiment gagnés par toi, Sianon, mais par ce que tu représentes ! Tu es comme la puanteur qui attire les mouches… ». Ces paroles eurent pour effet de déclarer officiellement la guerre entre Sianon et Eremon. Mais Sianon est très rancunière et lui fit payer ses paroles quelques dizaines d’années plus tard par un épisode connu sous le nom de « La blague de l’oie » et en contrepartie elle eut droit à « La vengeance des grenouilles », deux épisodes de leur vie encore visible aujourd’hui.
Un matin, et comme tous les autres matins, elle s’était disputée avec Eremon. Elle l’avait traité de « vagabond puant », et lui l’avait traité de « vieille sorcière », ni leurs parents ni Sainth ne s’étaient interposés dans leur dispute matinale. Sianon avait passé le reste de la belle journée dans la neige avec les villageois. Elle contrôlait de mieux en mieux sa malédiction et ils ne pouvaient quasiment plus rien lui refuser, même si les paroles d’Eremon faisaient encore écho dans sa tête. Elle était rentrée assez tard et, morte de fatigue, elle s’était affalée dans son lit en vue de passer une bonne nuit de sommeil. C’était sans compter la gent marécageuse qui y avait élu domicile. Sentant quelque chose de gluant qui bougeait et faisait un bruit abominable, Sianon ne pu retenir un hurlement terrifié avant de tomber brutalement par terre. Même si elle n’en garda que quelques ecchymoses, sa peur des grenouilles resta profondément ancrée dans sa mémoire…
Mais ne croyez pas qu’elle en resta là, la maison devint quasiment invivable avec ces deux là qui se querellaient incessamment.
Une seule fois la haine qui régnait entre Eremon et Sianon se calma.
C’était une belle journée d’été, Les oiseaux volaient gaiement, les écureuils jouaient dans les arbres, les lapins gambadaient, les abeilles volaient autour de leur ruche… Ruche ? Oh, une ruche… voilà une excellente occasion de jouer un mauvais coup à Sainth… Sans le savoir, Eremon et Sianon s’allièrent contre Sainth. Sianon, en décrochant une ruche et Eremon en versant du miel liquide sur la tête de Sainth. Il arrive encore à Sianon de sourire en voyant une abeille, elle repense alors à cette merveilleuse journée où ses éclats de rire et ceux d’Eremon couvraient les cris apeurés de leur frère Sainth.
Mais le temps a passé, et Sianon s’exerça à la maîtrise de l’eau sous l’œil bienveillant de son père, elle finit par développer ses propres techniques après avoir appris les techniques de base. Un de ses passe-temps lorsqu’elle est seule ou en route est la sculpture de glace. Cette technique consiste à se concentrer sur l’eau et à lui donner la forme qu’on désire, on gèle le tout pour que l’eau garde cette forme.
Un jour, elle partit seule à la découverte d’Erin et de ses merveilles. Elle dût vite revenir, car son père disparut et lui annonça la bénédiction jetée sur elle, Sainth et Eremon.
Depuis ce jour elle cherche, pourchasse, traque Sainth sans relâche pour avoir l’occasion de tuer, enfin, son détestable frère, de le faire souffrir d’une façon telle qu’il implore la mort… Oh oui, Elle attend ce jour avec impatience.